Claudia Lahaie
6 questions à Claudia Lahaie
1. Qu’aimeriez-vous que les lecteurs et les lectrices retiennent de ce roman ?
Je souhaite que mes lecteurs et mes lectrices se sentent touchés, qu’ils apprennent sur eux-mêmes et croient en leurs grandes capacités à passer à travers les défis de la vie. Aussi, j’aimerais qu’en comprenant ce que peuvent vivre d’autres jeunes, mes lecteurs et mes lectrices développent de l’empathie et se questionnent sur la pluralité des modes de vie et de pensée des gens qui les entourent.
2. Est-ce difficile de se mettre dans la peau d’adolescent.e.s pour écrire une histoire selon leur point de vue ?
C’est sûr que ça fait un petit (un long !) bout de temps que je n’ai plus l’âge d’une adolescente. Cependant, c’est une période de ma vie dont je me souviens très, très bien, en particulier pour ce qui est des émotions que j’ai pu ressentir. J’ai conservé mon journal intime de ces années. Je m’y suis référée à quelques reprises durant l’écriture de mon roman. Aussi, il faut dire que je suis la mère de trois ados, alors cela m’aide beaucoup pour écrire avec le plus de crédibilité possible.
3. Qu’est-ce qui a motivé le choix des différentes destinations dans le livre ?
L’une des raisons pour lesquelles j’ai voulu écrire un livre, c’est que je voulais partager la chance que j’ai eu de vivre à l’étranger. Ainsi, toutes les destinations de ce livre sont des endroits où j’y ai vécu plusieurs années et que je visite régulièrement : New York, 11 années ; Londres, 6 années ; Montréal, 5 années. J’ai vécu 6 mois au Cameroun, mais je n’ai pas eu la chance d’y retourner depuis. Je ne suis jamais demeurée à Paris, mais j’y suis allée comme touriste plusieurs fois. Petite confession, je ne suis jamais allée en Haïti mais j’ai un oncle et une grand-mère qui y ont vécu pendant plusieurs années. Finalement, j’ai vécu deux mois à Singapour (je garde cette destination pour une autre histoire !).
4. Qui sont les slameurs et slameuses que vous admirez ? Certain.e.s vous ont-ils ou elles inspirée à écrire ce roman ?
J’admire beaucoup les slameurs et slameuses. Lorsque j’ai voulu écrire les slams pour mon roman, je me suis rendu compte à quel point c’est amusant, mais aussi très exigeant. Ça prend du rythme, des rimes, bref, lorsque j’ai réalisé que d’écrire les slams pour mon livre me prendrait un temps fou, j’ai pensé demander de l’aide à des ados. Aussi, je me disais que si c’était des ados qui écrivaient les slams, ça rendrait l’histoire encore plus crédible.
Le slammeur que j’admire depuis des années est Grand Corps Malade. En plus d’être poétiques, ses slams sont remplis d’émotions. David Boudreault est le slammeur qui m’a le plus inspirée. David est aussi un travailleur social comme moi qui intervient auprès des ados. Il a gagné la Coupe du Monde de Slam francophone à Paris en 2011 et c’est cet événement qui m’a inspiré à créer un concours de slam pour mon livre.
5. Quel a été le plus gros défi pour vous dans l’écriture de ce roman ?
Ce qui a été le plus difficile pour moi dans l’écriture de ce roman, c’est de montrer au lieu d’expliquer. J’ai un doctorat en service social et j’ai passé la majeure partie de ma carrière à faire de la recherche. Aucune place à la créativité littéraire.
Lorsque j’ai commencé à écrire mon roman, c’était la catastrophe. J’ai bien failli abandonner. Mon premier chapitre ne fonctionnait pas du tout. Les critiques des participantes de mon groupe d’écriture ne m’aidaient pas vraiment. Je me suis donné une dernière chance : « La prochaine fois que je présente un chapitre à mon groupe d’écriture, ça passe ou ça casse ».
La fois suivante où j’ai présenté mon projet à mon groupe, il n’y avait aucune explication dans tout mon chapitre. Je montrais tout ce qui se passait. Par exemple, au lieu de dire que la mère de Justine est pauvre, je le prouve en écrivant que « la peinture craquelée sur les murs (de la maison) ressemble à une immense toile d’araignée ». Cette fois-ci, les participantes m’ont dit que j’avais complètement changé ma façon d’écrire, que ça ressemblait maintenant à un « vrai » livre. Ouf !
6. Vous travaillez dans le domaine du service social, quel aspect de cette profession préférez-vous ?
Ce que j’aime le plus dans cette profession, c’est la relation avec les personnes. Lorsque celles-ci en arrivent à croire en elles-mêmes et à vouloir poser des gestes pour améliorer leur vie et celles d’autres personnes dans leur communauté, ça m’émeut toujours beaucoup.